Alcyon

Premier parfum de liberté pour un adolescent

dimanche 22 octobre 2006, par István Vizy


Szabad Nep Extrait :

Au lycée, la veille de la manifestation, certains professeurs nous avaient encouragés à y participer. Même le professeur de russe, M. Mikhail C., pourtant réputé être un communiste pur et dur, nous avait recommandé d’aller à la Place Bem : « Allez-y, on ne sait jamais, cela pourrait donner un deuxième 15 mars » (date de la révolution de 1848).

Nous étions tout excités, car une manifestation autre que commandée et officiellement organisée (comme par ex. le 1er mai) nous était encore inimaginable quelques jours auparavant. Afin de ne pas partir seuls, les trois garçons de la même famille se sont regroupés : mon cousin de 15 ans, mon frère de 13 ans et moi-même (15 ans).

Arrivés sur place, nous avons trouvé une foule considérable, ça et là nous avons vu des drapeaux hongrois de confection visiblement artisanale. La majorité des manifestants étaient des étudiants et des lycéens. Il y avait aussi quelques hommes (« uri emberek ») d’une cinquantaine d’années qui, visiblement, avait connu de meilleurs jours que ceux du présent. On attendait qu’un représentant quelconque du pouvoir commente ou accepte les revendications. Après quelques brefs discours, les étudiants décidèrent d’aller porter leurs revendications au parlement, siège du pouvoir. En cours de route, de plus en plus de passants se joignaient aux manifestants, car nous scandions : « Ceux qui sont Hongrois se joignent à nous ! » (« aki Magyar velünk tart !“) Puis les étudiants ont commencé à scander : « Les soldats de tout pays doivent rentrer chez eux ! » (« minden nemzet katonàja menjén sajàt hazàjàba ! ») La foule a répondu en écho : « Les Russes, rentrez chez vous ! » (« Ruszkik haza » !)La nuit commençait lentement à tomber, car il y avait plusieurs kilomètres à parcourir entre la place Bem (Bem tér) et le Parlement. Partout où nous passions, (nous empruntions les grandes artères comme le St Istvàn Körut), les tramways devaient s’arrêter et les passagers descendaient. Là où le cortège passait, aucune circulation n’était plus possible.

Quand nous sommes arrivés devant le Parlement, l’immense place était déjà noire de monde. Les délégués de la manifestation voulaient remettre les revendications à un représentant du pouvoir mais personne ne les reçut. Entre-temps, la nuit était tombée. Soudain, l’éclairage public s’est éteint. Les manifestants restaient quand même sur place. Pour avoir un peu de lumière, ils ont commencé à fabriquer des torches avec des journaux. Le journal officiel du parti avait pour titre « Szabad Nép » (Peuple libre) Plusieurs personnes ont commenté avec une satisfaction visible : « Voilà la bonne utilisation du « Szabad Nép ! » (« Erre jó a Szabad Nép ! »)

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